jeudi 5 juin 2014

Braking Bad (intégrale)



Synopsis :

Quand Walter White, modeste professeur de Chimie, apprend qu'il a un cancer incurable, il se lance avec l'aide d'un de ses anciens élève Jesse Pinkman dans la création de méthamphétamine...


Genre : Chimiquement vôtre.

Breaking Bad est une série avec des qualités, des tours de forces indéniables que je ne peux que saluer. Seulement je la trouve beaucoup trop irrégulière cela dût à un allongement, un étirement sans doute un peu commercial qui donne un goût un peu un arrière goût galvaudé. Les nombreuses lenteurs décèlent les rouages de la mécanique, pourtant très bien huilé sur le papier. La série a la grande qualité de jouer en permanence jusqu'à la fin avec les nerfs du spectateur cela notamment grâce aux personnages qui évoluent sans cesse progressivement de l'américain basique au personnage complètement antipathique. Le scénario de Breaking Bad est surtout cohérent avec son thème principal : la chimie.

Le scénario est un immense assemblage de pour et de contre du bien et du mal, un peu comme une expérience qui va d'un point A un point B. Si les nuances à mon goût ne sont pas assez appuyées et à la limite de l'incohérence, tout reste en totale alchimie et les ressorts sont orchestrés de manière plus ou moins efficace et précise. Seulement je suis plus resté un simple observateur devant toute la série, un peu comme devant un tube à essai car les ressorts du scénario sont tout ce qui de plus mathématiques, froids et trop calculés. Rapidement il manque le charme d'une œuvre écrite par un auteur qui a le sens de l'imperceptible et du virtuose. Les différents rallongements font ressortir toutes les coutures du fil narratif ainsi que les différentes intentions du scénario ce qui donne plutôt l'impression de regarder une série bien faite et ambitieuse mais hélas stagnante. Un peu comme pour la psychologie des personnages, l'intrigue n'est jamais franche et bien trop peu ambigüe. Le spectateur reste simple suiveur d'une expérience chimique. Si les intentions veulent en permanence distancer les différents personnages du spectateur, il en est de même pour l'intrigue. On ne s'implique donc pas dans Breaking Bad on su(b)it souvent l'action qu'on entre ou pas dans la série. L'originalité et le professionnalisme éblouit beaucoup et porte admiration mais on reste toujours loin de ses personnages sombres au final, loin du potentiel installé. L'immersion et le parti prit (bon ou mal) était pour ma part un peu plus que nécessaire dans une série si allongée.

Si le concept de la série est bon, l'interprétation de manière générale irréprochable et ponctués de beaux morceaux de bravoures dans certains épisodes au niveau du suspense, Breaking Bad est de manière générale une série qu'on admire derrière une vitrine. S'il est vrai que c'est une nouvelle fois cohérent avec son thème, ça ne lui donne pas le poids face à des grandes séries qui ont un vrai ton d'auteur et une intrigue dense. Avec un fil conducteur si cynique, si riche en possibilités et ponctués de bonnes trouvailles, il est bien dommage que cela soit désamorcés par ce manque d'ambition, d'un parti prit plus manipulateur. Avec la recette de toujours vouloir distancer le spectateur, la série ne s'avère qu'une série calculée ou raisonnée comme celle d'une formule chimique. Des films avec des personnages antipathiques comme Scarface de De Palma ou dernièrement Le Loup de Wall Street de Scorsese utilisent un point de vue complètement distant avec un regard acide et cette méthode est tout à fait justifiée et même indispensable. Pas vraiment dans Breaking Bad car les intentions finales se veulent plus émouvantes que celle du simple poisson rouge qu'on critique à tourner en rond dans son bocal.

Les personnages eux aussi sont sans cesse présentés au spectateur avec une totale antipathie. Le scénario nous jette un peu à la figure le bon et mauvais côté des personnages afin de les suivre comme des cobayes tout le long. Hélas tout ne fonctionne pas au niveau des intentions finales au niveau de leur psychologie. Si l'étude humaine de manière générale est plutôt bien pensée et bouclée, l'écriture est tellement diluée, allongée que les personnages ont des réactions et une psychologie qui manque de nuances. Ce sera Blanc ou Noir et jamais gris. Seul le personnage de Mike reste un peu ambigu, élégant et mystérieux à souhait, ainsi que le flegmatique Gus Fring, mafieux pour le coup vraiment inoubliable.

Effectivement cet étirement, ces lenteurs et cette distanciation abusive font faire des évolutions brutales qui sautent parfois aux yeux. Skyler change de camps presque sans aucune étape, Hank ne veut que son enquête en terrain sans quoi il se transforme en bête inhumaine envers sa femme. On aura aucun développement sur ses crises. Jesse change du dealer pervers en émotif amoureux et Walter est borné tout le temps dans la morale du bon père de famille, alors qu'il possède une sorte de schizophrénie d'un homme mauvais qui ressort en coup de folie de temps à autre. Outre son ego et ses actes meurtriers rien ne sera plus développé. Toutes ses différentes émotions resteront enfouies en lui jusqu'à la fin. Une sorte de bombe qui n'explose jamais. Si le tour de force de rendre Walter White attachant et de plus en plus détestable est globalement réussi, il est toujours le cobaye du script et finalement un personnage assez raté psychologiquement. Ces changements de comportements et de psychologies sont de manière générale très grossiers sur chaque personnage, ils sont amenés avec très peu de crescendo de tacts et de subtilités. Ce qui amène a un spectacle un peu frustrant, mais pas dans le bon sens du terme.

Beaucoup d'épisodes traînent en longueur et mettent du coup en valeur les rares moments de suspense que l'on trouve du coup grandiose. Avec le recul ces derniers moments sont simplement un peu plus mouvementés comparés au reste. On remarquera tellement peu de suspense de manière générale qu'outre les trois derniers épisodes de la saison quatre ainsi que l'épisode quatorze de la saison cinq que tout de suite le suspense peut vite grandir avec un scénario plus compressé. Le scénario qu'on désirerait avoir dès le départ. Une recette assez anecdotique au final dont on s'aperçoit que Breaking Bad possède avant tout sur un scénario malin et surtout avec des accroches en début et fin d'épisode ainsi que de ses saisons qui donnent envie de voir la suite, même si on s'est ennuyé tout un épisode. La recette est particulièrement abusée du début à la fin.

Cependant la série a tout de même le mérite d'être dans son ensemble régulière, cohérente et sait également s'arrêter quand il le faut. Si la troisième saison est inférieure en nous offrant uniquement une palpitante fusillade, elle est quand même à l'image de la série : trop irrégulière pour être savoureuse. Alors que l'épisode pilote dégageait un léger ton des frères Coen, ce dernier s'évapora très vite car Breaking Bad n'a rien à voir avec un scénario d'auteur. Le ton est bien plus proche d'un chimiste, d'un artisan au bon savoir faire calculé que celui d'un cinéaste doué et authentique. Si cela reste de manière globale bien fait, bien conçu et bien mené, il faut le petit plus que les calculs mathématiques pour faire le script d'un film ou d'une série. Le concept a séduit du monde, je conçois, mais ce n'est ni mérité, ni démérité.

S'il existait une formule précise pour faire un bon film ou une bonne série, je pense que pas mal de producteurs se la disputeraient. Breaking Bad n'est pas une bonne, ni une mauvaise série elle est simplement originale et unique de nos jours par son ambition. Pour ma part même si elle a un charme séduisant, cette série est trop calculée, anecdotique et ennuyeuse pour qu'elle entre dans mes favorites.

Moyenne générale : 5,8 /10

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