lundi 9 février 2015

Georgia ( Four Friends )



Réalisation : Arthur Penn
Scénario : Steve Tesich
Durée : 1 h 50
Interprétation : Craig Wasson, Jodi Thelen, Jim Metzler, Michael Huddleston...
Genre : Classique oublié


Synopsis :

Danilo Prozor est un immigré Yougoslave. Il forme avec David et Tom un groupe d'amis inséparables et sont tous les trois amoureux de Georgia, une jeune femme romantique.

Au début des années quatre vingt, pas mal de films furent des échecs cuisants comme La Valse des Pantins pour Martin Scorsese ou Les portes du Paradis de Michel Cimino. Ce dernier a été dernièrement réhabilité mais restera malheureusement le plus célèbre pour avoir fait faillite aux studios, même s'il est d'une grande qualité. C'est un peu dans la même veine que se retrouve ce film complètement oublié dans la filmographie de l'incontournable Arthur Penn, un des plus grands cinéastes du cinéma. Un cinéaste incontournable des années soixante dix qui réalise ici un très grand film complètement passé aux oubliettes et qui mériterait d'être réhabilité au même titre que ses plus reconnus.

Georgia n'est pas vraiment un film trop visionnaire pour son époque pourtant mais une peinture des Etats-Unis dans ses pensées, ses rêves et ses désillusions dans sa société des années cinquante à soixante dix. Voilà certainement le film le plus personnel du cinéaste, très mature et parfaitement nuancé comme dans tous ses précédents films. On retrouve un personnage principal sans cesse dans le conflit, à choisir souvent entre le besoin matériel et spirituel. Comme toujours chez le cinéaste on retrouve une très grande mise en scène sèche et sensible, toujours nichée entre Eastwood et Peckinpah qui nous transporte lentement et sensiblement dans une fresque passionnante sur cette société américaine dont tout est fer et travail. Malheur au rêveur et à l'artiste qu'étaient nos musiciens. Le scénario et la mise en scène ne tombent à aucun moments dans les clichés, encore moins dans le sirupeux. A eux deux ils font monter lentement comme chez Robert Altman la mayonnaise pour terminer dans une dernière heure dans une force émotionnelle particulièrement remarquable et inoubliable.

Le film est une fresque, un belle esquisse sur la vie et l'amitié. On ne peut pas parler de dessins tant tout ces domaines restent denses, vagues et aléatoires. Sa durée pourtant classique de moins de deux heures en paraissent plus proche des deux heures vingt de Little Big Man. Non par ennui mais l'étirement de la mise en scène et du scénario se ressent, c'est une façon de faire durer le plaisir comme le fait Sergio Leone entre autre. Malheur à celui qui ne rentre pas dedans. C'est à la fois rythmé et lent, bercé par une nostalgie et une sympathie enivrante qui est marquante. L'amitié et les sentiments les uns les autres sont touchants et traités de manière forte. Avec de formidables acteurs, qui n'ont pas fait carrière par la suite, le film est une nouvelle fois une grande réussite sur le plan formel. Le fond comme la forme sont complémentaires, subtils, forts et sensibles possédant tous les ingrédients des classiques du cinéma.

Le spectateur retiendra une scène de mariage inoubliable ainsi qu'un très grand film injustement oublié quand il s'aperçoit de la force qu'il dégage des années après. Effectivement par sa peinture réaliste le film est le produit d'un cinéaste mature et virtuose sur son époque. Ce sera également une des meilleures chansons du monde qui trottera dans notre tête après la vision du film, celle de Georgia de Ray Charles. Si le personnage féminin de Georgia est un sacré numéro, rien que pour la chanson inoubliable de Ray, Penn avait là sa muse pour en faire un grand tableau et c'est chose faite.

Le film n'est disponible qu'en zone 1 en Dvd, j'espère comme pas mal de gens de cette génération un blu ray un des ces jours ainsi que des rétrospectives Arthur Penn pour le revoir et le faire découvrir. La VHS pour l'instant reste le seul moyen de le voir.

Note : 9 / 10


La dévédéthèque parfaite :

La porte du Paradis de Michael Cimino, Cotton Club de Francis Ford Coppola, Les seigneurs de Philip Kaufman et Trois femmes de Robert Altman.  

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