jeudi 9 juillet 2015

Victoria



Réalisation : Sebastian Schipper 
Scénario : Eike Frederik Schulz, Olivia Neergaard-Holm et Sebastian Schipper
Durée : 2 h 15
Interprétation : Laia Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski, Burak Yigit... 
Genre : Conceptuel

Synopsis

A la sortie d'une boîte de nuit, Victoria rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l'alcool, elle décide de les suivre pour une virée nocturne. La soirée va déraper quand Sonne et ses amis doivent aller faire un braquage et que l'un d'entre eux est ivre mort. Victoria accepte. 

Le cinéma allemand est décidément cette année surprenant dans le bon sens du terme. Après Birdman d'Innaritu tourné en un seul plan séquence, Sebastian Schipper fait de même avec son film Victoria pendant deux heures et quart sans trucage. Le résultat technique est impressionnant mais il est bien dommage que le scénario ne soit pas à la hauteur.

Victoria est un film bluffant dans sa forme. On imagine quelques heures après la sortie de la séance ou même durant les moments plus creux du film le calvert des répétitions et la pression pour les techniciens et les acteurs de réussir une telle performance dans la durée. Avec une superbe photographie et un bon rythme, on fait une immersion cinématographique très intéressante. On ne lâche pas les personnages, on est avec eux. On se laisse porter par les comédiens et le concept. Seule ombre au tableau le scénario est trop maladroit et pas assez pensé. 

Ce qui pêche effectivement dans ce film c'est le scénario. Il n'est pas cohérent, il devrait hélas comporter des ellipses pour être crédible. Les situations et les personnages du coup sont trop stupides. Le film fait deux heures et quart, il commence à quatre heures du matin et se termine a plus de sept heures (heure du braquage), voyez l'incohérence. Sans être catastrophique, le scénario enraye souvent la mécanique et parfois les péripéties trop grotesque pour emporter l'adhésion. Alors c'est vrai que la forme impressionnante fait passer beaucoup de choses mais je trouve que c'est dommage de ne pas avoir un scénario plus écrit pour cet exercice de style. On dirait presque un scénario d'étudiant qui commence par une soirée, une séquence émotion, un braquage et une poursuite. Le scénario et l'action à tendance à tourner en rond et se répéter, ce qui ne fait pas oublier les limites de la technique. Notamment après le braquage quand la bande retourne dans la même boîte de nuit du début claquer l'argent, soit à cent mètres du lieu du vol. 

Le personnage de Victoria est complètement débile avec du recul, certainement la plus idiote de tous. Elle accepte tout et faut croire qu'elle cherche l'amour et l'adrénaline parce qu'elle ne joue plus de piano, c'est absolument pas crédible. L'action ne se déroule que dans un tout petit périmètre : techniquement c'est compréhensible, pour le film beaucoup moins, pas étonnant que la police les retrouve directement. Oublier un ami dans une voiture aussi, c'est pas mal dans le genre débilité. Dommage que le film ne se veuille pas drôle, cela aurait pu faire un tabac. Si le scénario n'est pas à la hauteur, les comédiens en revanche le sont. Souvent obligés d'improviser dans des scènes pas toujours essentielles, ils assurent du début à la fin de nous transporter. 

Le format du plan séquence par moment fait décoller le film par quelques bonnes surprises scénaristiques (la scène du braquage avec une voiture défaillante ou du bébé entre autre) et donne une impression assez agréable d'avoir été au cinéma, d'avoir vu un film différent des autres, ce qui est très agréable. Il est dommage et frustrant au final de voir un scénario si peu pensé pour l’événement même s'il n'est relativement pas mauvais ni truffés de clichés mal fagotés et de gros moments émotionnels lourds. Avec un peu plus de travail d'écriture et de cohésion entre le scénario et la mise en scène, le film aurait gagné à être bien plus fort et choc. Victoria n'est pas un film prétentieux, il est aussi maladroit que conceptuel mais mérite cependant d'être vu.


Note : 6 / 10

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