mercredi 27 avril 2016

Vinyl



Genre : Sexe drogue and rock and roll

Cela faisait de longues années que Mick Jagger et Martin Scorsese se consentaient pour faire un film sur le rock. Au fil du temps c'est donc une série qui s'est lentement profilée et finalement produite par la célèbre chaîne HBO. Scénarisée par Terence Winter, le pilote de presque deux heures est réalisé par Martin Scorsese et les neuf autres par de solides artisans sur les pas du cinéaste. Alors bien ou pas bien ? Sans être une grande série, Vinyl ravira avant tout ceux qui ont surtout les références musicales et les fans du cinéaste. 

Je pense qu'avant tout pour apprécier cette série tout dépendra de votre génération et surtout de votre culture musicale. Le public visé sont les quinquas qui connaissent leurs standards musicaux de l'époque ou ceux qui ont de la culture musicale de ces années là. Niveau climax et développement, on est loin des produits à la mode également. L'écriture, de Terence Winter prend le temps de développer ses nombreux personnages, une époque et une industrie qui partent en vrille. Tout est baigné dans la nostalgie, le chao de la violence, l'argent, la drogue et la route du succès. Toutes les pistes s'éparpillent entre les dégâts de la drogue et le "bordel" musical de l'époque où l'on ressent en permanence une mutation des goûts du public pour la musique, ainsi que des générations musiciens, de cultures et de modes.

Le personnage campé par le génial Bobby Cannavale est un genre de Tony Montana qui a déjà réussi son ascension et qui voit se profiler lentement une mort au niveau professionnel et sentimental. Finestra est un personnage très Scorsesien, hanté par ses démons, toujours troublé par le choix du bon et du mauvais chemin ou encore témoin d'une illumination, tel un messie, un prophète incompris dans l'univers musical des années 70. Tout cela est abordé sans véritablement être approfondi. C'est d'ailleurs ce que l'on peut reprocher à la série de seulement esquisser une époque et ne pas vraiment aller au fond des sujets. Mais aussi peut-être n'est ce pas son plus grand plaisir ? Celui de se laisser bercer par les reconstitutions, la merveilleuse bande son et les anecdotes assez succulentes sur des légendes de la musique. A vous de voir, les acteurs quant à eux se font plaisir et cela se voit. 

Ceux qui ont les références de séries télévisuelles actuelles ne manqueront pas de faire un gros parallèle avec Mad Men. Je pense que bien d'autres grandes séries peuvent ombrager l'originalité de Winter pour le coup mais au fond d'elle même, Vinyl est honnête et c'est peut-être ce qui est le plus important. Il n'y a qu'à voir le pilote de Scorsese qui est le plus virtuose, le plus étiré et surtout le plus cinématographique. On est entre Le loup de Wall Street (écrit par Terence Winter aussi) et le génial A tombeau Ouvert, soit un long métrage scorsesien assez bluffant qui se penche également sur un côté beaucoup plus nostalgique à la Jim Jarmusch. On retrouve la touche musicale et les anecdotes de Mick Jagger et les thèmes de Martin Scorsese tous écris avec un savoir faire aussi classique que solide. Toute l'essence de la série est dans le pilote. Sans doute aussi la meilleure scène de la série, la plus surréaliste et la plus représentative de l'ensemble de la structure : celle de la salle de concert qui s'effondre par la musique. Du grand Scorsese d'ailleurs, encore une fois. 

Le pilote est porté par la maîtrise du cinéaste des Affranchis, les suivants par un peu plus de rebondissements. Entre classicisme et points de vue beaucoup plus envoûtants, la série est toujours le cul entre deux chaises mais plaisante à suivre en terme de mise en scène. Tout est maîtrisé pour faire ressortir assez finement une touche à la fois très artistique et documentaire sur le New York de l'époque. A la fois assez humaine et complètement dénuée de pathos, l'écriture garde le cap et reste tranquillement sur son îlot musical. Est ce que c'est de la non prise de risque et une énorme imposture de finalement ne pas raconter d'histoire sur dix épisodes ? Cela peut se ressentir mais à mon avis, tout est calculé dès le départ pour que le plaisir de la série viennent ailleurs que pour ses péripéties et son air de déjà vu. 

Le grand charme de cette série se dégage à mon goût par le parfum seventies et le bain musical qu'il se dégage. Vinyl est un grand film qui a juste le format et l'ossature d'une série classique. Comme dans pas mal de films de Scorsese tout est bien plus profond que la simple intrigue contée. On retrouve dedans ce qu'il y a de plus excitants dans ces années, un New York qui bouge et une musique, une culture carrément qui est en constante effervescence, mouvance et évolution. Une ébullition de culture qui fait plaisir à voir dont les créateurs rappellent avec une certaine élégance que finalement l'art et son public est un peu à l'image de New York, une grande ville composée de pleins de communauté différentes et qui ne se mélange pas tant que ça. Il en faut pour tous les goûts, il n'y a pas vraiment de recettes ni au succès, ni à la qualité. Un produit réussit ne dépend que des références d'une époque et d'une attente du public bien précises.

La série est aussi plaisante que de se réécouter des vieux standards mais avec l'âme, la touche visuelle et immersive de l'époque en plus. Le générique correspond tout à fait à la série d'ailleurs. Vinyl est une série qui porte parfaitement bien son nom, couvrant de plaisir le public qui aime se replonger dans ces différentes références musicales mais au risque de profondément ennuyer celui qui ne les connais pas et qui recherche une série plus proche des standards actuels. 

La saison 2 étant annulée, cette série se retrouve à moitié handicapée au niveau de son développement de personnage et désormais se repose uniquement sur la nostalgie, le côté documentaire et immersif de la musique des années 70. Finalement, peut-être que l'on retiendra de Vinyl, un pilote qui fait figure d'un film de Martin Scorsese, une coquetterie du cinéaste à part entière que l'on peut prolonger en regardant les autres épisodes. 





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