vendredi 15 juillet 2016

The Strangers ( Goksung )




Réalisation et scénario : Na Hong-Jin
Durée : 2 h 30
Interprétation : Kwak Do-Won, Hwang Jeong-min, Chun Woo-hee...
Genre : Polar surnaturel 

Synopsis

La vie d'un village coréen est bouleversée par une série de meurtres aussi barbares qu'inexplicables. Face à l'incompétence de la police, les vieilles rumeurs et superstitions surnaturelles se mettent au premier plan. Face aux esprits maléfiques, seul un chaman peut faire quelque chose. 

The Chaser marque toute la force du cinéma coréen avec un scénario de série B plutôt classique, un peu comme Le point de non retour de John Boorman dans les années soixante. Alors qu'il me manque le deuxième film d'Hong-Jin à voir, The murderer, il est facile de voir que le cinéaste à fait un grand pas depuis son premier film en voyant The Strangers. Memories of murder de Bong Joon-Ho, L'exorciste de William Friedkin et Rosemary's Baby de Roman Polanski sont des références évidentes pour le cinéaste qui nous offre un polar fantastique somptueux sur toutes ses coutures, pour le pire et le meilleur des personnages, mais également du spectateur. 

Ceux qui n'aiment pas les films coréens, The Strangers n'est pas pour vous. Ici comme dans les films de Bong Joon-Ho l'exercice de style est bien là, en permanence et à tous les niveaux. On passe du policier au burlesque ainsi qu'au Fantastique dans une même scène. C'est jouissif, étincelant, intelligent bref pour ma part du cinéma comme on en voit trop rarement, et bien entendu qu'en Corée. Un peu comme le Transperceneige, nous sommes là dans un film qui a des tripes et qui va au bout des choses, que ce soit dans le script ou la mise en scène. Il y a des messages, de l’ambiguïté, de la mise en scène à toutes les séquences. Un pur concentré de références et de souffle cinématographique salvateur qui ne s'arrête jamais. 

Après deux visionnages, le film gagne en puissance car il possède deux épilogues qui se recoupent de manière très intelligente. Le premier clôt de manière forte et virtuose l'intrigue principale, le second ne fait qu'ouvrir des pistes d'interprétations et de réflexions. Le cinéaste maîtrise tous les codes du genre mais avant tout du potentiel de son film. Son langage est pertinent et souvent transcendant dans un genre souvent considéré comme grand guignolesque. En une scène, Hong-Jin renvoit toute la filmographie et les tentatives de James Wan à la poubelle. Avec The Strangers on se retrouve dans le haut du panier, un peu comme Old Boy dans le film de vengeance ou The Host dans le film de monstres. Deux films d'une maîtrise et d'une intelligence folle en tout point de vue et qui possède comme ici une forme et une maîtrise exceptionnelle avec tranchant aussi visuel que narratif et subversif pour le spectateur. C'est très rare. Les codes du film fantastique, du policier, de l'horreur sont tous transcendés, au dessus de tout ce que l'on peut voir depuis des années, surtout si l'on compare avec toutes les nombreuses daubes que l'on peut voir (ou subir) en salles (ou direct en dvd). 

La photographie est remarquable (chef opérateur de Bong Joon-Ho), montage superbe et que dire de la musique si ce n'est qu'elle aussi fait partie des plus grandes réussites du film. Franchement il y a très longtemps que je n'avais pas vu un film aussi brillant dans sa forme et son écriture. Formellement c'est splendide et dans le fond vraiment intelligent, on se glisse entre du Park Chan Wook et du Bong Joon-Ho, du Friedkin et du Sam Raimi côté américain. Tout dépendra de votre goût mais j'y ai trouvé ma came les deux visionnages. Objectivement je crois que l'on peut reprocher au film d'être trop long et même de se fourvoyer sur son final, même si pour ma part je ne trouve pas. Je trouve justement que le cinéaste va au fond de ses démarches, il offre au genre et au cinéma toutes les lettres de noblesses que l'on puisse attendre d'un grand film. Au final, le cinéaste laisse un message extrêmement fort sur la croyance, les a priori, la religion ou encore le racisme tout en jouant sur les illusions. Le scénario n'en fait jamais trop, cela même avec un burlesque au rendez-vous assez souvent. Le frisson est au rendez-vous avant tout, préparez-vous à flipper comme devant Alien et Zodiac. Pas commun hein ? Comme un film coréen. 

Si je devais résumer le film en quelques mots, The Strangers est un très grand film, comme d'habitude trop peu distribué dans les salles (37 seulement) et n'aura pas le succès qu'il mérite. C'est un film choc, culte dont chaque scène et séquence me rassasie de cinéma comme dans les plus grands films que je revois fréquemment. En gros c'est un peu la version coréenne d'Angel Heart d'Alan Parker qui est indispensable à voir pour les fans du genre et du cinéma oriental. Incontestablement la bouffée cinématographique de l'année. 

Note : 10 / 10 

Films similaires

Memories of Murder (Bong Joon-Ho), Zodiac et Seven (Fincher), Jusqu'en enfer, Evil Dead (Raimi), Rosemary's Baby (Polanski), L'exorciste (Friedkin) ou Old Boy (Chan Wook).

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